La c séguia », unité de base du système hydraulique Tout part de la séguia, principal système de collecte, de transfert et de distribution de l'eau. Au départ, c'est une prise d'eau rudimentaire dans l'oued, puis un canal en terre qui chemine le long de l'oued, faisant un parcours parfois acrobatique, pour enfin dominer et féconder des superficies pouvant atteindre des milliers d'hectares. Creusées à la main, ces séguias ne s'affranchissent guère des courbes de niveau : tout au plus parviennent-elles, par un cheminement en baïonnette, à franchir les terrasses d'amont, avant de se diversifier à l'aval en un chevelu de canaux répartiteurs. La pente, calculée en laissant couler un filet d'eau, est en générale trop forte (de l'ordre de 3 % en moyenne), ce qui limite considérablement la superficie dominée par chaque séguia. D'où la nécessité de les multiplier, et ce dispositif en « arêtes de poissons que l'on rencontre dans les cônes d'oueds débouchant dans la plaine. L'efficience de ce système est réelle au niveau du prélèvement (72 % des débits d'oueds sur le Haouz), mais faible au niveau du transport en raison des pertes importantes dans un réseau peu étanche. De la tête morte aux mesref d'aval, le taux de perte pourrait atteindre 50 %. Malgré ces limites dues à une technologie rudimentaire, le système de la séguia s'est imposé comme celui qui impliquait le plus complètement des communautés d'irrigants dont c'était là l'outil de survie. Ce qui ne se maintiendrait pas avec un encadrement administratif a bien fonctionné des siècles durant sur base de solidarités lignagères. C'est dire que la se-gui°, unité technique et géographique, est aussi une unité humaine.