une réelle technicité (calcul de la pente, étayage...), ce fut très vite l'affaire d'une corporation spécialisée, les khatatir.iya, souvent originaires du versant sud de l'Atlas (le Draa ou le Tafilalet), et ce jusqu'à notre époque. Ils habitent d'ailleurs un quartier particulier de la ville, d'origine almoravide, le djher Todgha (69). Aujourd'hui encore, la ville de Marrakech bénéficie de cette technique de recherche de l'eau. Appelées foggaras dans le Sahara algérien, ces galeries drainantes sont également nombreuses dans le Touat, le Gourara et le Tidikelt, régions qui les auraient reçues de Marrakech, via les Juifs de Tamentit. Vers 1950, on relevait encore 2 000 km de foggaras dans le Touat, pour une population totale de 40 000 habitants (70). Des archéologues japonais ont récemment revisité celles du Tidikelt (71). Toutefois, dans ces trois régions, elles sont moins entretenues et donc moins actives que dans le Haouz. Ces trois types d'irrigation traditionnelle sont bien loin de constituer l'ensemble du patrimoine hydraulique maghrébin. Néanmoins, on n'est nullement en présence d'une société hydraulique. Les zones d'irrigation sont souvent des îlots, tout au plus des microrégions, dans un ensemble où prévaut un agropastoralisme extensif. Cette précision est majeure, car elle influe sur la nature du système social.