l'eau par des seuils déversoirs, on y adjoint des banquettes, ou tabla, qui suivent les courbes de niveau. La distance entre ces banquettes varie de 35 à 75 m, en fonction de l'importance de la pente. A l'aval, la zone de réception de l'eau récoltée, ou manka, est organisée en terrasses façonnées, bassins rectangulaires ou carrés, délimités eux aussi par des tablas. L'eau descend de l'une à l'autre par gravitation lente, ce qui permet d'assurer à la fois l'irrigation et la recharge des nappes par infiltration. Le plus souvent, ces manka sont plantées d'oliviers. La construction traditionnelle de ce dispositif est loin d'être empirique, comme l'ont montré les études faites par le CRGR : en effet, le bon fonctionnement des meskats dépend du rapport entre la superficie de la zone de récolte de l'eau et la superficie de la zone utilisatrice. L'optimum est de deux tiers pour le meskat et un tiers pour le manka (43). A ces conditions, les chercheurs tunisiens estiment que le système hydrologique traditionnel des meskats est parfaitement adapté au climat, au sol et au relief du sahel de Sousse » (44). Le volume d'eau supplémentaire qu'il assure équivaudrait à une irrigation de complément de 2 000 m3/ha environ pendant la saison pluvieuse. Cela conviendrait tout à fait à l'olivier, qui a la faculté de rentabiliser l'eau à tout moment. De surcroît, le pâturage des zones amont par les ovins est possible. Selon El Amami, cet équilibre est compromis depuis le début du siècle, au point de compromettre l'efficacité du système : — sous l'effet de la pression démographique, les oliviers ont envahi une part de l'impluvium, faisant tomber le rapport à 1,5, voire 1, comme dans l'exemple ci-dessus, où la superficie plantée (0,78 ha) équivaut presque à la superficie meskat (0,88 ha) ; — l'exode rural lié à l'appauvrissement général de ces régions a par ailleurs compromis l'entretien régulier de ces aménagements fragiles, au point de provoquer un effet contraire : la récolte de l'eau devient un facteur d'érosion quand les banquettes ne sont pas entretenues et ne jouent plus leur rôle.