Le fesser (ou 'tir' selon une autre transcription ; pluriel : jessour) est un aménagement du même type, mais adapté aux zones du Sud tunisien, où la pente est plus marquée, le climat plus aride (entre 100 et 200 mm de précipitations, avec en outre de fortes irrégularités). La technique du fesser consiste à construire le long des pentes de petits barrages en pierre pour conjurer le ravinement, retenir les sédiments, et créer un sol tout en retenant momentanément l'eau. A l'aval, on trouve une tabla plus importante, consolidée par un muret de pierre, mais laissant s'écouler l'eau en excédent par des déversoirs latéraux. A.-F. Baduel, qui a étudié les jessour dans la région de Djebel Matmata, fait remarquer que la raison de ce déversoir est double : a Une raison technique d'abord : il permet d'éviter la rupture du barrage par suite d'une trop forte pression des taux dans les cas de pluies trop fortes ; une raison socio-juridique ensuite : le droit coutumier oblige chaque jessourien à construire ce déversoir, car il est interdit à un fellah d'accaparer à son seul profit les eaux pluviales, l'existence d'une succession de barrages en courbes de niveaux fait que tout jesser en aval doit avoir accès aux eaux de pluie qui dévalent les pentes (45). 9 Sur cette superficie plus importante, il est possible de pratiquer de l'arboriculture (surtout oliviers, palmiers, voire figuiers), mais aussi des cultures annuelles (céréales, en particulier l'orge) et des légumineuses (fèves, lentilles, pois chiches). Ces jessour sont très nombreux dans la chaîne des Matmata, où ils couvriraient 300 000 ha selon El Amami. On les trouve aussi dans la région montagneuse de Naffousa, en Libye. Le rapport impluvium/zone plantée est beaucoup plus élevé que dans les meskats, de l'ordre de 4 à 6. Il faut donc en moyenne 5 ha d'impluvium aménagé pour 1 ha cultivé. Le coefficient moyen de ruissellement étant élevé (0,4 environ), la densité des tabias à réaliser est grande : d'après des photos aériennes prises à Matmata, il faut 30 tabias pour créer 1,7 ha, soit 1 tabla pour 600 m2. L'investisse-