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Rhizophoracées et Cornacées
Rhizophoracées et Cornacées




Racine aériennes de Rhizophora mangle
Les rhizophoracées.

Environ 120 espèces de palétuviers forment la famille des rhizophoracées.


Ces arbres constituent l'essentiel des peuplements d'une forêt littorale des zones intertropicales connue sous le nom de mangrove.

Pour survivre aux conditions de salinité et d'asphyxie que ces plantes connaissent en permanence ou périodiquement, celles-ci ont développé des adaptations remarquables tant au niveau des racines (fixation et respiration) que par la manière de se reproduire. Ainsi certaines espèces comme Rhizosphora apiculata font germer leurs graines dans l’arbre jusqu’à ce que l’embryon donne une plantule suffisamment grande pour tomber dans la vase, s’y enraciner sans risquer pour autant de se retrouver recouverte et mourir asphyxiée.

Les mangroves forment des ceintures sur les côtes basses, les estuaires ou les systèmes lagunaires. Selon le degré de salinité et / oud'asphyxie qu'il leur faut affronter, les espèces de palétuviers se répartiront d'une manière adaptée.

Ainsi en Guadeloupe, on distinguera :

» La mangrove maritime pour laquelle on distingue trois sous-types de formations végétales : la mangrove de bord de mer, constamment inondée et dominée par le palétuvier rouge (Rhyzophora mangle), la mangrove arbustive, au sol sursalé et dominée par le palétuvier noir (Avicennia germinans et Avicennia schauberiana), et la mangrove haute, dominée par le palétuvier blanc (Laguncularia racemosa). Les racines de ces espèces forment des échasses ou ressortent au niveau de pneumatophores.

» La forêt marécageuse qui fait suite à la mangrove dans les endroits inondables, mais hors d'atteinte de la marée. Elle est dominée par le mangle médaille (Pterocarpus officinalis) d'une hauteur d'environ 25 mètres.

La mangrove se développe surtout sous climat chaud (températures moyennes supérieures à 18 ° C avec des écarts inférieurs à 10° C). La mangrove maritime se développe dans l'espace situé entre la haute mer et la basse mer, à la condition que cette zone soit aussi alimentée abondamment en eau douce d'origine fluviale. La mangrove maritime est largement conditionnée par les balancement de la marée.

Les mangroves sont relativement menacées par différents facteurs humains principalement. La pression démographique, la mise en place d'infrastructures dédiées au développement touristique (installations portuaires, routes côtières, marinas, stations balnéaires et leurs conséquences inéluctables sur l'urbanisation) et les pollutions domestiques et industrielles qui en découlent ont beaucoup fait reculer les forêts de mangrove. La " mise en valeur " des mangroves à des fins de riziculture ou pour pratiquer l'élevage des crevettes a aussi de très graves conséquences sur ces écosystèmes. On notera, bienfaits de la post colonisation obligent, que le riz ou les crevettes sont principalement destinés à la consommation des occidentaux ou assimilés, très peu pour celle des populations locales. C'est un peu la perche du Nil avant l'heure...

Il ne faut non plus oublier que le bois des palétuviers a été récemment utilisé en quantité significativement importante pour réaliser des engins de pêche, des piquets de clôture et divers objets. Cette exploitation a eu aussi pour conséquence de faire reculer la mangrove.

On pourra lire en annexe un article de la FAO qui se veut rassurant sur l'avenir des mangroves.




EXPORTATIONS POUR LE NORD, EXPLOITATION POUR LE SUD

Au Bangladesh, une paupérisation moderne

Destinées aux marchés occidentaux, la production de crevettes et l'industrie du prêt-à-porter devaient sortir le Bangladesh de la misère. En guise de développement, les Bangladais récoltent surtout paupérisation et violations des droits humains. Si les élections offrent aux élites une légitimité internationale, face à une démocratie représentative en panne, un nombre croissant de Bangladais se tournent vers le monde associatif, inventeur de modes de démocratie directe et d'autogestion.

Par Cédric Gouverneur / Journaliste./ LE MONDE DIPLOMATIQUE | AOÛT 2005 | Pages 6 et 7 / http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/GOUVERNEUR/12423



Région de Khulna, au sud-ouest du Bangladesh. Le hameau de Baro Ari se perd dans les infinis méandres des bras du Gange. Parvenir jusqu'ici n'est pas aisé. Pourtant, la mondialisation libérale a atteint l'endroit et son unique opportunité de marché : la crevette. En 2000, des notables ont ouvert les digues des polders, noyant les terres des paysans pauvres sous l'eau salée. Avec la complicité d'une police corrompue, ils ont converti ces terres inondées en très rentables bassins d'élevage de crevettes.

" Nous n'avons plus rien ", confie M. Suranjan Kumar, le visage creusé par la sous-alimentation. La vingtaine d'hommes autour de lui opine. " Nous travaillons parfois comme journaliers agricoles, pour 50 takas par jour " (0,70 euro). Des conditions qui s'apparentent à du servage : le paysan doit remettre jusqu'aux deux tiers de la récolte au propriétaire foncier. Par ailleurs, " le sel a tout détruit ", ajoute M. Abu Sahid Gazhi, qui a passé onze mois en prison pour avoir protesté contre le vol de ses terres.

Un élevage de crevettes multiplie jusqu'à cinq fois la salinité des sols. Les bassins sont souvent mal endigués à dessein afin de stériliser les terres alentour, d'en chasser les paysans et d'étendre l'aquaculture. " Plus rien ne pousse dans la région. Les prix des denrées ont augmenté. Le sel rend le bétail malade. "

Depuis les années 1980, l'Asie et l'Amérique latine produisent à grande échelle des crevettes d'élevage dont la demande a explosé dans les pays riches. Cinquième producteur mondial, le Bangladesh a ainsi converti quelque 190 000 hectares de mangroves et de terres fertiles en bassins d'aquaculture, qui produisent annuellement 30 000 tonnes de crustacés. La quasi-totalité de cette production est exportée vers les pays du Nord : 80 % des 143 millions de Bangladais vivant avec moins de 2 euros par jour, selon les Nations unies, ils ne peuvent guère s'offrir des crevettes à 10 euros le kilo. Mais, grâce aux exportations, le Bangladesh s'insère dans la mondialisation et, par la magie du fameux trickle-down effect (1), les revenus engrangés doivent en théorie profiter à toute la population.

A Baro Ari, l'aquaculture a-t-elle créé des emplois ? " Les travailleurs des bassins sont des mastaans, des gros bras venus de Khulna, dit un paysan en soupirant. Pour gagner notre vie, nous devons envoyer nos enfants puiser des larves de crevettes, qu'ils revendent aux élevages. " Pour une larve de crevette collectée, des centaines de larves d'autres espèces sont abandonnées sur la berge : la biodiversité s'effondre, les prises ont diminué de 80 %, selon les pêcheurs de la région. Quant aux consommateurs occidentaux, qui mangent ces crevettes... Les regards se chargent de colère, des poings se crispent : " Ils boivent notre sang, lâche M. Kumar. Combien de Bangladais devront mourir pour nourrir les Blancs ? " L'idée d'un possible boycott des crevettes en Europe suscite un fragile espoir.

La crevette est au Bangladesh ce que la perche du Nil est à la Tanzanie, un " cauchemar de Darwin (2) ". Au-delà du désastre social et écologique, les élevages sèment la mort : plus de cent cinquante Bangladais ont été assassinés depuis 1980 pour s'être opposés aux aquaculteurs (3). Peuvent s'ajouter à cette liste les milliers de personnes tuées dans le sud-ouest du pays par le tsunami de 1991 : selon une enquête d'Environmental Justice Foundation (EJF), une organisation non gouvernementale britannique, un phénomène d'une ampleur similaire n'avait fait aucune victime en 1960. Entre-temps, l'aquaculture a rasé la mangrove protectrice...

Ces élevages sont pourtant encouragés par la Banque mondiale, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et la Banque asiatique de développement. L'agence de développement internationale américaine USAID a même mis en place une assistance technique pour veiller à la qualité des crevettes. En luttant contre les épizooties, ces philanthropes entendent développer le marché du crustacé bangladais et " parvenir à 1,25 milliard d'euros de recettes annuelles d'ici à cinq ans ", contre 292 millions à l'heure actuelle (4).

" Où va l'argent du commerce extérieur, et qui en bénéficie ? ", demandait, dès 2000, Manik Chandra Saha, jeune journaliste de Khulna, en constatant que l'aquaculture avait ruiné des centaines de milliers de ses compatriotes. En janvier 2004, il a été assassiné par un groupe armé connu pour louer ses tueurs au plus offrant. Dans la seule région de Khulna, treize confrères de Chandra Saha ont été abattus depuis 1990. Une violence qui fait du Bangladesh, où la presse est théoriquement libre, l'un des pays les plus dangereux pour les journalistes.

Les exportations à haute valeur ajoutée du Bangladesh ne bénéficient qu'à une minorité. Les entreprises occidentales peuvent néanmoins faire leur marché chez ce bon élève du Fonds monétaire international (FMI) (5) sans trop être montrées du doigt par les défenseurs des droits humains, contrairement à ce qui se passe dans la Birmanie voisine, totalitaire. Car les crevettes ne représentent que 6 % des exportations nationales. Le principal attrait du Bangladesh est le prêt-à-porter - 75 % des exportations -, qui a rapporté 4,67 milliards d'euros en 2004, selon les statistiques officielles.

Les conditions de travail des deux millions d'ouvriers du textile rappellent les romans de Charles Dickens. Produire au moindre coût pour les firmes occidentales, dans la crainte qu'elles quittent le Bangladesh et se délocalisent dans un pays plus " compétitif ", est l'obsession des industriels locaux (6). Les jeunes filles fuyant la misère des campagnes, ignorantes de leurs droits, représentent 85 % des salariés. Elles travaillent douze heures par jour, parfois plus, souvent sept jours sur sept, pour 13 à 30 euros par mois. Enfermées à clé, fouillées au corps à la sortie, ces salariées n'ont pas le droit de parler entre elles. La liberté syndicale demeure toute théorique, les " subversives " sont licenciées : moins d'une sur cent possède donc la carte d'une organisation syndicale. Des viols par l'encadrement sont rapportés, et près de trois cents travailleuses sont mortes dans des incendies depuis 1990 (7). Sur son site Internet, l'Association bangladaise des fabricants et exportateurs de prêt-à-porter (BGMEA) se targue cependant d'" interdire le travail des enfants ", s'attendant sans doute à des félicitations...

Le 10 avril 2005 au matin, dans la zone franche de Savar, à quelques kilomètres de Dacca, une usine de neuf étages s'est effondrée sur ses ouvriers, causant la mort d'une centaine d'entre eux et la disparition d'un nombre indéterminé d'autres. Le lendemain de l'accident, la police antiémeute a pris position, parée pour affronter la colère des proches des victimes. Car ce drame ne devait rien à la fatalité : bâti sur un terrain humide, l'immeuble n'avait reçu de permis de construire que pour quatre étages. Soucieux d'honorer les commandes de leurs clients européens, les propriétaires étaient passés outre.

Seize heures avant le sinistre, des ouvriers avaient prévenu la direction de l'apparition de lézardes. Sans provoquer la moindre réaction. Prompte à exécuter sommairement les petits malfrats et à tirer sur les grévistes (8), la police " n'a pas trouvé " les patrons responsables du drame. L'un d'eux est le gendre d'un député de la majorité... Le quotidien de référence The Daily Star analysait le 22 avril : " Les propriétaires sont trop influents pour être interrogés. L'appartenance de classe fait la différence, permettant aux privilégiés d'échapper à leurs responsabilités, et aux vulnérables d'être exploités. "

A Barcelone, Inditex (Zara), la firme donneuse d'ordres, a promis d'agir en faveur des victimes. Le groupe précise fabriquer 60 % de ses vêtements en Europe et conduire depuis octobre 2004 un " audit social " chez ses 900 sous-traitants d'Asie. Embauchés via une société indienne, sans qu'Inditex en soit apparemment informé, les ouvriers de Savar ont cependant échappé à cet audit...

" Connaissez-vous ces marques ? " Secrétaire générale du Bangladesh Independant Garment Workers Union Federation (Biguf), Mlle Nazma Akter tient à montrer les étiquettes des vêtements que ses syndiquées se tuent à fabriquer : Gap, H & M, Old Navy, Tesco, Ladybird, The North Face, Lee, Wrangler, Cherokee, Burton... " Combien vendent-elles ces vêtements ? Les Européens doivent savoir que ces firmes nous achètent chaque tee-shirt 1 euro pièce... "

" Indirectement, les donneurs d'ordres occidentaux sont responsables du niveau de vie des ouvriers bangladais, estime M. Amirul Haque Amin, secrétaire général de la National Garments Workers Federation (NGWF). Ils cherchent à acheter au prix le plus bas, ce qui incite nos patrons à nous payer au minimum. La loi du marché. " Produits dans de véritables bagnes au Bangladesh, ces vêtements, valorisés par la construction marketing appelée " mode ", sont vendus en Europe avec des marges importantes.

Les ouvriers du Bangladesh en appellent-ils pour autant au boycott de ces vêtements par les Européens ? " Non, car nous perdrions notre emploi. " Mlle Akter considère que le travail en usine, aussi infernal soit-il, représente un facteur d'émancipation pour les femmes : " Avant, elles restaient sans emploi à la campagne, soumises à la violence domestique. " " Informez le public européen sur nos conditions de travail, pour que ces marques aient honte et fassent pression sur nos patrons ", recommande néanmoins M. Amin, qui revendique un doublement du salaire minimum, de 930 à 1 800 takas (de 14 à 28 euros). Mais, avec la fin de l'accord multifibres, le 1er janvier 2005 (9), la compétition avec le textile chinois n'augure rien de bon pour les ouvriers bangladais.

Face aux abus, ils peuvent toutefois compter sur un allié de poids : le vaste réseau des ONG locales, qui mobilisent des millions de petites gens.

L'histoire récente explique la vigueur de ce mouvement associatif. Lors de la guerre de libération de 1971, contre le Pakistan, les combattants progressistes plaçaient dans cette lutte l'espoir d'une transformation sociale. Face aux dictatures des années 1970 et 1980, face également à la persécution de la gauche et à l'échec des tentatives de guérilla, ils ont investi le secteur associatif, toléré par l'État car lui permettant de s'affranchir à peu de frais de ses responsabilités sociales.

Ravagé par la guerre, par une famine (en 1974), puis par des inondations récurrentes, le Bangladesh a vu affluer les donateurs en mesure de financer des projets. Pour les élites et les classes moyennes de gauche, travailler dans une ONG permet de mettre ses idées en pratique. Plus prosaïquement, ces organisations ouvrent des possibilités de carrière, en dehors des emplois phagocytés par les réseaux clientélistes des deux partis dominants (voir Cigarettes, bakchichs et sodas). Bien entendu, les abus existent. Ainsi, le microcrédit, inventé par M. Muhammad Yunus et la Grameen Bank, est devenu pour certains " travailleurs sociaux " une opportunité de marché, menant des paysans au surendettement (10). Symbole de cette dérive mercantile, voici Grameen Phone, le réseau de téléphonie mobile de la Grameen Bank...

Organisation fédérant plusieurs centaines de milliers de membres, Nigera Kori (NK) refuse le microcrédit, estimant qu'il accroît la dépendance des pauvres. NK entend au contraire développer leur émancipation. L'émancipation économique, d'abord, en favorisant l'épargne plutôt que l'endettement. Par exemple, à raison d'une poignée mise de côté à chaque repas par la ménagère, le riz est revendu pour investir dans une nouvelle source de revenu : l'achat d'un filet de pêche, de volailles... ; les profits sont partagés entre toute la communauté. L'émancipation politique, ensuite, en permettant aux pauvres de prendre conscience de leur oppression et de la refuser. Exerçant la démocratie directe dans la prise de décision, les groupes de NK luttent ainsi acre par acre contre les élevages de crevettes, faisant le coup de poing contre les mastaans, résistant aux usuriers, déposant des recours devant les tribunaux avec l'aide des avocats de l'organisation.

La fierté retrouvée anime aussi le Mouvement des sans-terre ; 67 % des paysans bangladais ont perdu leurs terres, contre 31 % lors de l'indépendance, en 1971. Cette concentration agraire s'explique par l'endettement et la corruption. Via des dessous-de-table destinés à l'administration, des notables accaparent les khas, terres publiques destinées aux pauvres. Les paysans doivent alors se résigner à devenir journaliers agricoles ou aller vivre dans les bidonvilles. Pourtant, selon les estimations de la puissante ONG Proshika, une réforme agraire étêtant les hauts revenus et assurant quelques acres à chacun coûterait seulement 2 milliards d'euros.

" La Banque mondiale a, semble-t-il, mieux à faire que de m'écouter ", regrette M. Qazi Faruque Ahmed, président de Proshika, emprisonné par les autorités en 2004 et menacé par les fondamentalistes. " Nous identifions, occupons et cultivons les terres publiques spoliées, résume M. Alam, responsable du mouvement Samata (" Egalité ") dans le district de Pabna. Ce qui n'est pas sans risques ", ajoute-t-il en montrant sur son crâne la cicatrice laissée par une machette. Samata, Proshika, NK et tant d'autres ont permis à des dizaines de milliers de paysans de retrouver droits et dignité.

La référence à la dignité se trouve au cœur de la philosophie d'Ubinig, mouvement pour l'agriculture biologique et la souveraineté alimentaire. En 1995, appliquant les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le gouvernement a interrompu les subventions aux engrais. Leurs prix ont explosé. Des émeutes ont éclaté, et la police a abattu 17 paysans. Lassés de cette dépendance envers le marché, inquiets de l'épuisement des sols et de la dégradation de la biodiversité dus à l'agriculture chimique, plusieurs dizaines de milliers de paysans (l'organisation en revendique 130 000), parfois par villages entiers, sont passés au " bio ", en particulier dans le district de Tangail (30 000 personnes), mutualisant leurs semences, développant la polyculture.

Les investissements étant plus réduits, les paysans rencontrés soulignent que leurs revenus ont augmenté. Leur indépendance face aux firmes occidentales les remplit de fierté. Fondatrice d'Ubinig, Mme Farida Akhter s'inquiète cependant de l'offensive des tenants des organismes génétiquement modifiés (OGM) et de leurs arguments " humanitaires " : " Les craintes des consommateurs du Nord face aux OGM sont présentées par les multinationales comme l'expression d'un luxe face à la faim au Sud. Quel mépris ! Nos vies valent-elles moins que celles des Occidentaux ? " Face à l'individualisme libéral, Mme Akhter rappelle que les peuples, au Nord comme au Sud, sont interdépendants : la consommation des uns dépendant de la production - et l'exploitation - des autres. " Le mode de vie est politique ", conclut-elle.

CEDRIC GOUVERNEUR.



(1) Trickle-down effect : la théorie libérale prétend que l'enrichissement de l'élite irrigue, grâce à ses investissements et à sa consommation, toute la pyramide sociale.

(2) Documentaire de l'Autrichien Hubert Sauper démontrant les conséquences désastreuses de l'exploitation de la perche du Nil dans le lac Victoria, Mille et une productions (Paris), Coop99 (Vienne), Saga Films (Bruxelles), 2004.

(3) Dans onze pays, des gens ont été tués parce qu'ils s'opposaient à l'aquaculture de crevettes : Bangladesh, Inde, Indonésie, Philippines, Vietnam, Thaïlande, Brésil, Equateur, Mexique, Guatemala, Honduras. www.ejfoundation.org.

(4) Financial Express, Dacca, 26 juillet 2004.

(5) Le FMI " félicite " Dacca pour sa libéralisation du commerce, mais conditionne un prêt de 80 millions de dollars à une hausse des taux d'intérêt et des tarifs de l'énergie. " Je pense que les gens comprendront la situation ", déclarait à Dacca, en avril 2005, un responsable Asie-Pacifique de l'organisation, M. Nissanke Weerasinghe.

(6) Sur les usines de sous-traitance, lire Philippe Revelli, " Chasse aux syndicats dans les maquilas du Guatemala ", Le Monde diplomatique, juillet 2005.

(7) Rapport de Khorshed Alam, Alternative Movement for Resources and Freedom Society (Bangladesh) pour " Clean Clothes Campaign " (Allemagne), mai 2004.

(8) Le Rapid Action Batallion (RAB) abat chaque jour ou presque des délinquants présumés. La presse écrit que " des truands sont morts dans une "fusillade" ", les guillemets soulignant que nul n'est dupe. Début avril 2005, la répression d'une manifestation de salariés du textile a fait 200 blessés, dont 20 par balles.

(9) Depuis cette date, le système de quotas limitant les exportations de vêtements vers les marchés américain et européen a pris fin.

(10) Lire Jean-Loup Motchane, " Quand les pauvres séduisent les banques ", Le Monde diplomatique, avril 1999.

Voir aussi le courrier des lecteurs dans notre édition de novembre 2005.

Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea)
Les cornacées.

Les cornacées forment une famille proche des rhizophoracées et comprennent essentiellement les cornouillers (Cornus) et les aucubas.


Cornouiller mâle (Cornus mas)
Cornouiller de Suède (Chamaepericlymenum suecicum)
Cornouiller de Suède (Chamaepericlymenum suecicum)





FAO publie une nouvelle estimation mondiale des mangroves

La déforestation continue mais à un rythme plus lent

10 mars 2003, Rome -- Une nouvelle évaluation de la FAO sur l'état des forêts de mangroves indique que si leur taux de déforestation est élevé, il a diminué petit à petit au cours des vingt dernières années.

Selon l'enquête, la plus exhaustive conduite à ce jour sur l'état des mangroves à l'échelle mondiale, leurs superficies s'établissaient à moins de 15 millions d'hectares à la fin de 2000, en recul par rapport aux 19,8 millions d'hectares estimés en 1980. Toutefois, si la déforestation se poursuit, son taux a ralenti, passant de 1,7 pour cent par an durant la décennie 1980-1990 à 1 pour cent par an de 1990 à 2000.

"Cette étude prend également en considération les plus petits pays. Même si elles n'ajoutent pas grand-chose au total, les mangroves de ces pays sont très importantes au niveau local. En effet, elles sont peut-être la seule ressource forestière dont ils disposent", explique Mette Løyche Wilkie, Forestier de la FAO.

Une ressource vitale

Les mangroves se trouvent généralement le long des côtes tropicales et sub-tropicales. Outre leur rôle de protection du littoral contre l'érosion due au vent, aux vagues et aux courants, les mangroves abritent tout un éventail d'espèces animales, y compris des mammifères, reptiles, amphibiens et oiseaux menacés d'extinction, et servent d'aliments au tissu marin et de frayères à toute une série de poissons et de crustacés, dont diverses espèces commerciales. Les mangroves constituent également une source de multiples produits forestiers ligneux et non ligneux, notamment bois d'œuvre, bois de feu, charbon de bois, fourrage, paille, miel, médicaments.

La déforestation menace la survie des espèces qui vivent dans ces zones et contribue à l'érosion et à la salinisation des terres côtières.

" Dans de nombreux pays en développement, les communautés côtières dépendent des forêts de mangroves pour se procurer du bois de feu pour la cuisine, et des protéines sous la forme de poisson et de crustacés ", dit Mme Wilkie. " Les mangroves représentent une ressource vitale pour leur subsistance au quotidien et devraient être gérées avec soin pour éviter leur surexploitation ".

De nombreuses études de cas ont décrit comment la croissance de la population dans les zones côtières a entraîné la conversion des zones de mangroves pour les infrastructures côtières, la production de riz ou de sel et l'aquaculture commerciale. Mais avant les nouvelles estimations, on manquait d'informations fiables sur l'état des superficies de mangroves et les tendances de la déforestation.

"De nombreuses organisations mettaient déjà en garde contre la destruction des mangroves, mais on disposait de données limitées à l'échelle mondiale pour le prouver", affirme Mme Wilkie. "Cette évaluation a confirmé leurs mises en garde, mais montre également que le taux de déforestation a reculé au cours de la dernière décennie".

La nouvelle évaluation s'inspire d'une enquête conduite en 1980 par la FAO et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), ainsi que de l'Évaluation mondiale des ressources forestières 2000 publiée par la FAO. L'enquête actuelle couvre 121 pays, contre 51 dans l'estimation de 1980, et se fonde sur une analyse tendancielle de 2 800 séries de données nationales et sous-nationales. Elle présente des estimations révisées des superficies mondiales de mangroves en 1980 et en 1990, une liste des estimations fiables les plus récentes pour chaque pays et une estimation des superficies en l'an 2000, sur la base d'une analyse et d'une extrapolation des données passées.

Les sources gouvernementales, les experts de mangroves, les communautés locales et les organisations gouvernementales ont été mises à contribution pour valider les informations déjà rassemblées par la FAO.

Les résultats seront disponibles prochainement sur une base de données en ligne sur le site des forêts de la FAO. Les données figurent également dans La Situation des forêts du monde 2003 et seront publiées dans une série de documents de travail.




Tsunami : 31 pays ont planché en Inde sur le rôle de la forêt littorale dans la protection côtière.

La mangrove, brise-lame à réhabiliter

Par Pierre PRAKASH / samedi 12 février 2005 / Libération / New Delhi de notre correspondant.

Si les pays d'Asie se souciaient plus de leur environnement côtier, le tsunami du 26 décembre aurait été moins meurtrier. Voici la conclusion à laquelle sont arrivés les 400 experts réunis cette semaine à Bhubaneshwar, au nord-est de l'Inde, dans le cadre du troisième Symposium sur les zones humides asiatiques (Asian Wetlands Symposium ou AWS). Une réunion de trois jours à laquelle participaient 31 pays et où le tsunami a fait l'objet d'une séance spéciale.

"Ceintures vertes". "Les études des zones touchées sont encore en cours, mais nous avons déjà de bonnes preuves que là où les barrières naturelles (mangroves, coraux, dunes) étaient en bon état, elles ont réduit l'impact des vagues, explique Max Finlayson, président de l'ONG Wetlands International. Elles n'ont pas empêché le désastre, mais elles l'ont atténué." Ainsi, les mangroves, très courantes en Asie du Sud et du Sud-Est, constituent un rempart irremplaçable contre les tsunamis ou les cyclones. Très denses, elles brisent les vagues et stoppent les bourrasques. "Cette capacité protectrice prend d'autant plus d'importance que toutes les prévisions sur les changements climatiques prédisent une multiplication des tempêtes en Asie", ajoute Max Finlayson.

L'utilité des "ceintures vertes" côtières a été prouvée. En 1999, par exemple, lorsqu'un cyclone a ravagé la côte nord-est de l'Inde, faisant plus de 10 000 morts et 7,5 millions de sans-abri. Alors que des bidonvilles situés à 50 kilomètres du rivage ont été soufflés, des villages côtiers abrités par des mangroves ont été épargnés. Même chose le 26 décembre dernier, dans l'État du Tamil Nadu : les régions de Pichavaram et de Muthuket, où les mangroves sont préservées, ont enregistré des pertes humaines et matérielles bien inférieures au reste de l'État. En Thaïlande, les forêts marines des provinces de Ranong et Phang Nga ont sauvé des centaines de vies.

"Les mangroves protègent les hommes qui protègent les mangroves", avait résumé, il y a dix ans déjà, Pisit Charnsnah, cofondateur de l'ONG Mangrove Action Project (MAP). Malheureusement, explique Faizal Parish, de l'ONG Global Environment Center, "l'activité humaine et le développement économique ont réduit les surfaces recouvertes de mangroves de 26 % au cours des vingt dernières années dans les six pays d'Asie touchés par le tsunami (Inde, Sri Lanka, Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Birmanie)". Car industrialisation, urbanisation, tourisme, agriculture et surtout pisciculture empiètent un peu plus chaque année sur les précieuses barrières naturelles : elles rétrécissent ainsi de 2 % à 8 % par an.

Selon MAP, les mangroves couvraient autrefois les trois quarts des côtes des pays tropicaux et subtropicaux, une surface aujourd'hui réduite de moitié, soit un total de seize millions d'hectares seulement. Premiers responsables : les élevages de crevettes destinées aux assiettes occidentales, soutenus par les gouvernements et les bailleurs de fonds internationaux. Selon une étude publiée en 2002, la Thaïlande, premier exportateur de crevettes au monde, a rasé 65 000 ha de mangroves pour promouvoir le crustacé. En Indonésie, le ministère des Forêts estimait, le mois dernier, qu'un total de 650 000 ha avait été détruit dans le pays en quelques décennies. Malgré plusieurs ratages, la Malaisie a été, elle, plus prévoyante dans son développement : 52 % de ses côtes continuent d'abriter des mangroves, ce qui expliquerait en partie le faible bilan du tsunami dans ce pays (68 morts).

"Supermarché du pauvre". Au-delà de leurs vertus protectrices, les mangroves sont essentielles à la survie de nombreuses espèces animales et végétales, et donc aux populations locales. Une source de bois, poissons, fruits, miel : "La mangrove, c'est le supermarché du pauvre dans les régions côtières", résume Pisit Charnsnah, de MAP. Or, la reconversion de ces zones vers d'autres activités profite rarement aux communautés locales. "Les bénéfices du tourisme ou de la pisciculture profitent à moins de monde, le plus souvent à des entrepreneurs venus d'ailleurs", déplore Max Finlayson.

"Les gouvernements sont les premiers responsables de la destruction, via des politiques de développement irréfléchies, poursuit-il, mais il faut aussi éduquer les populations côtières afin qu'elles sachent bénéficier des bienfaits des mangroves sans les piller." Une "gestion locale intégrée", pour laquelle les écologistes plaident depuis des années... sans être entendus. Dans ce contexte, "le tsunami offre une occasion parfaite pour repenser les méthodes de gestion des ressources côtières en Asie".

De fait, la catastrophe semble avoir sorti plusieurs pays de leur torpeur. L'Indonésie, notamment, a annoncé un vaste programme de reforestation de ses mangroves. La Malaisie recense les siennes et le Sri Lanka envisage de modifier sa législation afin de mieux les protéger. Reste à savoir si, sur le long terme, ces pays en développement accepteront de faire passer la protection de leurs populations et l'environnement avant leur développement économique.




Familles de plantes à fleurs par ordre alphabétique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Familles_de_plantes_%C3%A0_fleurs_par_ordre_alphab%C3%A9tique

Par familles :
http://plantes.sauvages.free.fr/pages_familles/
http://bioeco.free.fr/photos/familles/familles.htm


Sylviculture des mangroves :
http://www.fao.org/documents/show_cdr.asp?url_file=/docrep/v5200f/v5200f09.htm

LES MARAIS MARITIMES ET LES MANGROVES :
http://www.refer.mg/madag_ct/madag_ct/cop/nature/fr/reem/reem0202.htm

Mangroves :
http://www2.univ-reunion.fr/~bruggema/MBPE%20-%20Mangroves%201.pdf

http://duduf2.fr/mangrove/index_mang.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mangrove

Mangroves, riziculture et autres élevages des crevettes... :
http://www.fao.org/docrep/field/003/AC191F/AC191F03.htm

http://whales.greenpeace.org/fr/nos-oceans/elevage-de-crevettes

http://www.ac-creteil.fr/SVT/Big_mag/Societe/aquaculture/c.htm

http://tice.univ-nc.nc/~lebigre/JML132.html

http://www.idrc.ca/fr/ev-5533-201-1-DO_TOPIC.html

Disparition alarmante des mangroves / FAO 2008
http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2008/1000776/index.html

The world's mangroves 1980-2005
http://www.fao.org/docrep/010/a1427e/a1427e00.htm






[ Corrélats : Fleurs / Habitats / Tsunamis / ...]

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